terça-feira, 23 de junho de 2015


FELDENKRAIS



Un homme, une méthode "révolutionnaire": Feldenkrais





Articles de Françoise Figuière

Un homme, une méthode "révolutionnaire": Feldenkrais
Article de Françoise Figuière, kinésithérapeute-formatrice
paru dans FMT magazine.

A voir aussi : Réveiller notre capacité d'apprentissage ou Article dans "Kinésithérapie scientifique"
La méthode Feldenkrais, est basée sur notre capacité à faire de nouvelles connections à tout âge et quelle que soit notre condition physique. Elle offre au kinésithérapeute la possibilité d'aborder tout traitement d'une façon globale et créative. Cette approche « révolutionnaire » ne s’appuie pas uniquement sur le fameux « cause à effet » mais sur la théorie des systèmes.

Dès lors la rééducation devient interactive et ouvre le champ des possibles.
« L’impossible devient possible, le possible devient facile, le facile devient agréable, l’agréable devient élégant ».

En dehors du cadre médical, la méthode Feldenkrais est très utilisée chez les danseurs, les musiciens, les sportifs, dans le domaine de la prévention et de l'ergonomie.
Le concept Feldenkrais est basé sur des principes scientifiques de neuro-physiologie et de lois biomécaniques. L’objectif étant d’acquérir une mobilité fluide, efficace, avec un minimum d’effort et surtout de l’ intégrer pour une utilisation spontanée.

L'originalité de la méthode Feldenkrais réside dans les moyens utilisés pour arriver à ce résultat en faisant appel à notre plasticité neuronale, en utilisant des circuits neuro-moteurs inhabituels, et une prise de conscience de soi dans l’action. La méthode ne fait pas appel directement à notre souplesse articulaire et à notre force musculaire d’une façon répétitive et mécanique, mais à notre capacité d’ apprendre et de sentir.

La méthode Feldenkrais du nom de son fondateur est née d’une recherche personnelle. A la suite d’un traumatisme grave au genou lors d’un match de football, les chirurgiens de l’époque ne lui garantissant pas une bonne récupération fonctionnelle, il décide de ne pas se faire opérer et fait le pari de récupérer le fonctionnement de son genou.

Pari fou, pour certains, mais pas pour lui compte tenu de ses connaissances de physicien et de judoka. C’est le déclenchement d’une recherche approfondie sur les rapports entre le mouvement et le cerveau.

En sa qualité de physicien, il transpose les lois de la physique au fonctionnement du corps humain (force, masse, poids, volume, vitesse...), s’inspirant par ailleurs du développement psychomoteur de l’enfant et de notre capacité d’apprentissage en tant qu’adulte. De sa formation aux arts martiaux on retrouve la conception orientale du mouvement efficace et harmonieux, utilisant l’énergie minimale, la courbe, la spirale et l’approche indirecte.
"On ne peut changer un détail sans réorganiser l'ensemble"


Aller réveiller notre habileté

Feldenkrais se plaisait à répéter : "la clef de toute amélioration n'est pas dans les muscles et articulations mais dans le système nerveux".

Donc, il ne s'agira pas d'étirer, de muscler, de faire des exercices répétitifs en utilisant la force, mais d'aller réveiller notre habileté, notre coordination, nos sensations pour effectuer des gestes plus justes, plus économiques. Le sportif augmente alors son endurance, l'artiste sa performance, le rhumatisant fait reculer le seuil de sa douleur.
Quels sont les paramètres à expérimenter pour améliorer un mouvement ?
Quelques principes de base :
    • Changer l'amplitude et la vitesse
    • Changer la position de départ. N'oublions pas que la position allongée va permettre d'interrompre les schémas musculaires habituels.
    • Ne pas lier le mouvement avec un rythme respiratoire particulier, veiller simplement à ne pas bloquer la respiration.
    • Changer son "focus". Aller porter son attention sur une autre région du corps. Prendre du recul sur la région qu'on est en train de mobiliser.
    • Visualiser le mouvement avant l'action pour éliminer les mouvements parasites.
    • Utiliser un mouvement de dissociation par exemple tourner les yeux à droite lorsque la tête tourne à gauche.
    • Utiliser un mouvement auxiliaire, facilitateur en faisant intervenir une autre région du corps
    • Immobiliser la partie distale et initier le mouvement avec la partie proximale.
    • Alterner les mouvements localisés et globaux. "On ne peut changer un détail sans réorganiser l'ensemble" se plaisait à dire Feldenkrais. 

"La clef de toute amélioration n'est pas dans les muscles et articulations, mais dans le système nerveux"
Une fois que le mouvement sera aisé, fluide, sans douleur, le challenge très particulier à cette méthode sera detrouver les conditions pour que le nouveau schéma soit disponible dans n'importe quelle situation sans passer par la pensée consciente. Nous ne devons pas rester dans l'analyse ou bien encore dans les : "il faut", "il n'y a qu'à".

Les mouvements seront exécutés selon certains critères :
  • en toute sécurité, dans de bonnes conditions de confort
  • sans vouloir atteindre un but à tout prix,
  • sans aucun jugement. Ne pas attendre, le "c'est bien" de l'extérieur, du kiné, mais plutôt éprouver une satisfaction intérieure, de plaisir à se mouvoir avec aisance
  • le schéma de fonctionnement sera exécuté d’abord sur un seul coté pour accentuer la prise de conscience.
  • savoir reproduire ces mouvements, cette nouvelle fonction dans des positions variées, assis, debout, à 4 pattes, inhabituelles parfois, à des amplitudes et vitesses différentes.

En pratique : 2 approches

Par les indications verbales

"Ce n'est plus le kiné qui fait, mais le kiné qui ouvre des possibilités"

L
e patient guidé par la voix, le rythme de l'enseignant va augmenter son répertoire de mouvements, va prendre conscience de son fonctionnement, trouver de nouvelles coordinations plus aisées, ses tensions vont diminuer, sa respiration sera plus ample.

Petit à petit, le schéma corporel se précise, la personne va faire des liens entre les différentes parties de son corps, va sentir plus d'unité, va se réapproprier son corps, ses sensations.

Les indications, tout en étant précises, ne sont pas directives. La personne va retrouver plus de confiance dans ses capacités.
Le processus pédagogique étant de faire des propositions et de poser des questions, la personne se prend davantage en charge et participe plus activement à son rétablissement. Ce n'est plus le kiné qui fait, mais le kiné qui ouvre des possibilités.

L'approche avec le toucher
Ce sont soit des mobilisations fines et précises, soit des mobilisations globales. Il n’y a jamais d’étirement segmentaire mais une sensation d’allongement due à la répartition du mouvement sur plusieurs articulations, le plus souvent ce sont des manœuvres de soutien, de poussée, de rapprochement de segments, agissant aussi bien au niveau du squelette, des muscles et des fascias, sans oublier les récepteurs proprioceptifs. La notion de transmission de mouvement est toujours en arrière plan.

Dans ce travail la qualité du toucher est essentielle, la position des mains et des prises de contact sont très spécifiques à la méthode.

"En s’inspirant de la méthode Feldenkrais le kinésithérapeute trouvera là de nouvelles façons de pratiquer plus fonctionnelles, plus rapides, plus performantes, moins répétitives"

D
ans la pratique le kinésithérapeute va aller d’un endroit à l’autre du corps donnant un message et attendant une information. A ce niveau une non-réponse a la même valeur d’information qu’une réponse positive. Et ainsi, par une série d’améliorations, on obtient une transformation progressive qui va être acceptée et intégrée par le patient parce qu’il ne les perçoit pas comme imposées de l’extérieur.
Par exemple, dans le cas d’une rééducation d’épaule, le kiné va d’abord faire la relation "bassin-épaule", avant toute rééducation segmentaire. Il met le patient en décubitus latéral, afin de limiter l’effet de la pesanteur, et après avoir fait le lien avec le bassin et l’omoplate va utiliser un trajet facilitateur : par exemple, en rotation externe de l’épaule adduction et supination de l’avant-bras pour augmenter l’antépulsion.
Autre exemple en neurologie très efficace pour la réhabilitation à la marche et à l’équilibre c’est l’utilisation de la "planchette" Feldenkrais ou "sol artificiel".
En s’inspirant de la méthode Feldenkrais le kinésithérapeute trouvera là de nouvelles façons de pratiquer plus fonctionnelles, plus rapides, plus performantes, moins répétitives. Moyennant quoi son travail devient moins routinier, moins fatigant et plus gratifiant.
La méthode pédagogique étant basée sur le questionnement le patient devient plus autonome et plus responsable de sa guérison. 

Etude de cas

J'accueille Paul (40 ans environ) atteint d'une hémiplégie gauche. A la marche, il a un léger steppage. Son membre supérieur gauche est ballant et n'est pas dans sa conscience. Son regard est vif. La séance se déroule lors d'un stage de formation en présence d'un petit groupe de stagiaires.
Je le fais s'allonger dans ses vêtements de ville sur le côté gauche, confortablement, la tête alignée sur ma table Feldenkrais extrêmement sécurisante parce que large et basse.
A l'aide de petits mouvements d'ouverture-fermeture du côté droit (cage thoracique-bassin) je cherche à faire le lien entre le haut et le bas du corps.
Quand le mouvement devient fluide et que sa respiration est aisée, je fais le lien avec la colonne vertébrale jusqu'aux cervicales avec une poussée sous les ischions pour renforcer le tonus vertébral, puis par une poussée au niveau du trapèze.
Le lien bassin-tête établi, je commence alors à travailler au niveau des ceintures et des membres par des coordinations globales avec des schémas facilitateurs (le bassin tourné légèrement vers l'arrière, j'induis un mouvement de flexion rotation externe de la hanche et quand le bassin roule vers l'avant, de rotation interne et extension). Ce schéma facilite le mouvement de propulsion dans la marche.
Quant au membre supérieur, j'organise alors cette gestuelle en corrélation avec la mobilité du bassin. Ces schémas seront reproduits avec la participation active de Paul pour renforcer ce schéma (nous sommes toujours sur le côté non paralysé).
J'invite Paul à s'allonger sur le côté droit. Ces schémas de fonctionnement étant bien présents sont plus facilement reproductibles sur le côté paralysé.
Je fais revenir Paul sur le dos, glisse des rouleaux durs sous les genoux et chevilles dans le but d'utiliser la "planchette" ou le "sol artificiel" sous la plante des pieds.
Par des petites pressions sur l'avant du pied, le bord interne et externe, le long des arches, j'établis une connexion entre l'appui du pied, la hanche et les cervicales. Pour terminer par une pression très localisée à l'aplomb des malléoles.
Paul se lève et pour la première fois, selon ses propres termes, sa jambe lui parait "plus présente, plus vivante". Je remarque que sa démarche est plus assurée, cependant son bras est toujours ballant. Je lui demande alors d'accentuer cette immobilité du bras en gardant sa main plaquée contre sa cuisse et d'effectuer ainsi différentes marches. Je renforce cette directive à plusieurs reprises. A la fin de la séance, à la surprise de toute l'équipe présente, le bras gauche de Paul suit le mouvement de la marche, sans que ce soit volontaire. D'autres séances seront nécessaires pour renforcer ce circuit.
Je voudrais maintenant vous donner le témoignage de Joël, 40 ans, atteint de polynévrite depuis 6 ans environ.
Il est arrivé à mon cabinet en marchant avec deux cannes anglaises. Non, il n' est pas reparti sans ses cannes, mais dés la première séance, j'ai pu redonner un peu de mobilité à son bassin, détendre ses muscles du dos, et lui montrer qu' il pouvait mobiliser son corps sans faire autant d'efforts.
A la deuxième séance, sa démarche est toujours saccadée, il doit regarder ses pieds constamment, sa respiration est courte, ses gestes sont brusques.
Après une quinzaine de séances, il s'assoit sans se laisser tomber et se lève avec élégance, et chose extraordinaire à laquelle je ne m'attendais pas, il marche actuellement sans regarder ses pieds. Sous mes mains, je sens que les connexions restent d'une séance à l'autre et ceci même après une interruption de plusieurs semaines.
Voici ses propres termes: "J'ai appris à ne pas faire souffrir mon corps, je ne suis pas obligé de faire des efforts, je me sens plus ouvert dans la cage thoracique, je me tiens plus droit. j'ai une meilleure endurance, plus de confiance. Maintenant, lorsque je fais tomber quelque chose dans la rue je peux me baisser pour le ramasser. Avant je marchais parce que je devais marcher maintenant j'ai du plaisir à marcher."

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